Depuis l'Antiquité, pendant tout le Moyen Age et même au-delà de l'époque des médecins ridicules de Molière, l'astrologie se chargeait selon le principe hippocratique et galénique de déterminer les moments et les époques les plus propices pour les semailles, la plantation et à la récolte des graines, des feuilles et des fleurs. Elle s'intégrait aussi à la diététique et à la médecine en déterminant les périodes les plus propices et les périodes néfastes à la consommation des divers aliments ou médicaments par les hommes selon les signes imposés à leur naissance ou selon les moments de l'année. Les plantes selon leur forme leur apparence et leurs propriétés étaient attribuées aux 7 planètes, aux 36 décans, aux 12 signes du zodiaque et aux quinze étoiles fixes les plus brillantes.
Ainsi, selon ces conceptions, Saturne, par exemple, plante froide et humide, rend les sujets sombres et mélancoliques, soucieux, lents, sujets à l'hydrophisie et à la goutte, alors que Jupiter chaude et humide rend les sujets joyeux et sanguins, mais sujets à l'obésité et l'apoplexie. Mars, sec et chaud, fait les sujets coléreux et batailleurs, mais sujets aux inflammations fébriles, aux fistules et à la petite vérole. La ciboulette et le basilic, sont sous l'influence de la planète Mars. Cela expliquerait selon les astrologues qu'il se dégage du basilic, un influx dynamique, mais que, à l'extrême, il prédisposerait à la colère. Ils disent aussi que le basilic peut être cause de phénomènes physiques déplaisants, liés au système vago-sympathique. Selon eux le myrte, l'ortie, la pivoine généreuse sont sous l'influence de Vénus qui inculque la charité et l'amour mais est responsable des maladies vénériennes et comme Mercure des mentales (comme par hasards, les malades mentaux sont encore appelés lunatics en anglais). Le cerfeuil et la jusquiame sont sous l'influence de Jupiter, qui inculque sagesse et perspicacité. La joubarbe est attribuée à Saturne, les plantes héliotropes comme le tournesol sont attribuées au Soleil, la pivoine à la Lune et ainsi de suite.
La sauge et l'armoise sont associées au Bélier, le benjoin, le narcisse, la pervenche , le lilas, l'aubépine, la verveine au Taureau, le bégonia, le muguet, la lavande et le romarin aux Gémeaux, le noyer, le lis et le santal au Cancer, le chrysanthème , le cyclamen au Lyon, le jasmin et la jacinthe à la Vierge, le mimosa au Verseau, le seringa, le lis et le camélia aux Poissons, la capucine et l'orchidée au Sagittaire, le romarin au Capricorne, la rose, la violette et le chrysanthème à la Balance, les bruyères, la jonquille au Scorpion.
Les différentes parties du corps humain, les organes internes, les organes des sens, les animaux, les métaux, les plantes, les drogues, les gemmes et même les parfums étaient aussi en correspondance avec les planètes, les étoiles, les constellations, les signes du Zodiaque. Ainsi pour les parfums: au Soleil étaient associées les parfums de l'héliotrope, de la lavande et de la rose, à la Lune ceux de la myrrhe, du muguet, de l'iris, du lis blanc et de la primevère, à Mars, ceux de l'aloès et du muguet, à Mercure ceux de la cannelle, de la verveine, de la lavande, à Venus ceux du safran, de la verveine, du lilas et du myrte, à Saturne ceux du benjoin et de l'encens.
Agrippa , Bouelles, Cardan, Mizaud et bien d'autres ont puisé aux sources antiques et donné de longues listes de plantes, de pierres précieuses, de poissons, de mammifères avec des références aux planètes et aux signes correspondants. Ne sourions pas, cette façon de voir a dominé la médecine européenne des siècles durant et la médecine ne s'est pas définitivement affranchie de son asservissement servile aux grands maîtres et à l'astrologie avant la deuxième moitié du 18e siècle. Nostradamus qui fit publier en 1555 à Lyon les 200 premiers quatrains de ses prophéties est plus connu comme voyant et astrologue que comme médecin, mais à l'époque toutes ces fonctions ne faisaient qu'une, en vertu de la correspondance étroite établie entre microcosme et macrocosme. Il passa son doctorat de médecine à Montpellier et exerça à Agen puis à Salon où il mourut. Dans son Herbier, publié en 1578, Thurneisser décrivait les correspondances entre les 7 planètes et les différentes parties des plantes: rhizome, feuilles, fruits... A l'époque beaucoup d'universités avaient leur chaire de médecine astrologique avec la bénédiction officielle de l'église. C'était notamment le cas à Vienne, à Marbourg, Wittemberg et à Cracovie et Rostock. Beaucoup pensaient comme Paracelse qu'un bon médecin devait être un bon astronome, et Mélanchthon affirmait: " Personne ne sera assez superstitieux pour nier l'utilisation de l'observation des astres pour la médecine ". Paracelse n'établissait guère de frontière entre médecine, astrologie, alchimie, occultisme, mais il préconisait l'examen au lit du malade et osait écrire: " Mes livres ne sont pas écrits comme ceux des autres médecins qui se sont bornés à copier Hippocrate et Galien; je les ai composés en me fondant sur l'expérience qui est la plus grande maîtresse de toutes choses (...) La pratique ne devrait pas se baser sur la théorie spéculative; la théorie doit dériver de la pratique. " En fait il faudra plus de deux siècles pour que le langage de ce précurseur de la clinique soit entendue et que naisse la médecine moderne.
Au 17e siècle les découvertes médicales ne sont pas beaucoup enrichies et ont eu peu d'impact sur la façon de soigner les malades. Même un apport capital comme celui de Harvey sur la circulation du sang qu'il expose en 1628 dans son De motu cordis et complète après 20 ans d'observations dans les Lettres à Riolan (1649) a eu du mal à s'affirmer. Puisque ni Hypocrite, ni Galien n'en avaient parlé, tous les tenants de la tradition se sont déchaînés contre lui. Les autres grandes découvertes se sont faites en anatomie avec la mise au point progressive du microcosme et au siècle suivant en physiologie avec l'étude de la fonction respiratoire par Lavoisier en 1777.
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